À compter du 30 juin 2025, les banques et établissements financiers européens devront transmettre leurs rapports financiers via une nouvelle plateforme numérique baptisée « Pilier 3 Data Hub ». Cette mesure, imposée par l’Autorité bancaire européenne (ABE), concerne la grande majorité des acteurs du secteur bancaire dans l’Espace économique européen (EEE) : les grandes banques d’investissement, les établissements de crédit traditionnels, mais aussi les structures de taille intermédiaire. Seules les petites entités non complexes échappent à cette obligation. Ces rapports devront désormais être formatés selon une norme technique spécifique (XBRL-CSV) et transmis exclusivement par le biais de cette nouvelle plateforme centralisée.
Ce reporting réglementaire s’inscrit dans le cadre du Pilier 3, qui impose aux banques la publication de rapports publics obligatoires détaillant leur solidité financière, leur exposition aux différents risques ainsi que leurs dispositifs de gouvernance.
La première échéance de publication dans le cadre du Pilier 3 Data Hub coïncide volontairement avec le lancement du cadre DPM 4.1, qui intègre d’importantes évolutions introduites par le CRR III. Celles-ci incluent le nouveau traitement du risque de crédit selon les approches standardisées et internes, des ajustements du cadre relatif au risque opérationnel, de nouveaux modèles de déclaration pour le risque lié aux ajustements de valorisation de crédit (CVA), un élargissement des informations à fournir en matière d’ESG, ainsi que des orientations spécifiques concernant les expositions aux cryptoactifs. Les domaines de publication sont regroupés en 22 sections.
Le pilier 3 couvre un large éventail d’informations financières et de méthodes utilisées pour calculer les risques :
- La synthèse de la gestion des risques, des principales mesures prudentielles et du montant de pondération des risques
- Les objectifs et politiques de gestion des risques
- Le champ d’application du Pilier 3
- Les fonds propres et coussins contra-cycliques
- Le ratio de levier
- La qualité du risque de crédit
- Le risque de crédit en approche standard
- Le risque de crédit en approche fondée sur les notations internes
- Les techniques d’atténuation du risque de crédit
- Les prêts spécialisés et expositions aux actions
- Le risque de crédit de contrepartie
- Les expositions aux positions de titrisation
- Le risque de marché
- L’ajustement de la valeur du crédit
- Le risque opérationnel
- Le risque de taux d’intérêt des activités hors portefeuille de négociation
- La politique de rémunération
- Les actifs grevés et non grevés
- Les informations prudentielles sur les risques ESG
- Les expositions aux crypto-actifs
Côté calendrier, le nouveau format sera déployé en deux phases : juin 2025 pour les grandes banques systémiques, et décembre 2025 pour les autres établissements.
Les institutions devront transmettre leurs rapports via cette nouvelle plateforme (P3DH) au moment où ils publieront leurs états financiers, ou dans les meilleurs délais après cette date. Des échéances strictes sont imposées : six mois après la date de référence pour les rapports annuels et quatre mois pour les rapports trimestriels et semestriels.
Concernant la langue de rédaction, les établissements auront le choix : les rapports pourront être soumis en anglais, dans la langue de l’institution, ou dans les deux langues. Si le format technique des données (taxonomie XBRL-CSV) reste en anglais, les commentaires et explications peuvent être rédigés dans la langue du pays d’origine, en anglais, ou dans les deux versions selon les préférences de l’établissement.
Le Pilier 3 marque un tournant majeur dans les pratiques administratives du secteur financier européen. Ce modèle, entièrement dématérialisé et numérique, permet aux régulateurs de contrôler directement les communications obligatoires des banques vers les marchés, tout en s’assurant que ces informations restent comparables entre établissements.

Un paysage réglementaire plus large
Le P3DH s’inscrit dans une stratégie européenne plus large de modernisation de la supervision bancaire. L’objectif : rendre les données réglementaires plus cohérentes, comparables et accessibles.
Depuis 2021, l’ABE et la BCE préparent ce virage numérique avec plusieurs actions. D’un côté, elles développent plusieurs projets techniques (P3DH, IReF, BIRD) pour moderniser les outils de supervision. De l’autre, elles renforcent simultanément les réglementations européennes qui exigent plus de transparence de la part des banques (CRR III, CRD VI).
Ces réformes, sans viser directement la numérisation, en renforcent néanmoins l’urgence et la nécessité.
En effet, le Pilier 3 n’est qu’une pièce du puzzle. D’autres initiatives façonnent ce nouveau paysage réglementaire :
- Le Cadre de déclaration intégré (IReF), piloté par la Banque centrale européenne (BCE) vise à harmoniser les reportings statistiques d’ici 2027 — réduisant les redondances et allégeant la charge déclarative des banques.
- Le dictionnaire sur le reporting intégré des banques (BIRD) soutient cet effort en aidant les banques à aligner leurs modèles de données internes avec les exigences réglementaires, favorisant la cohérence dès la source.
- La modélisation des points de données (DPM) de l’ABE et les normes taxonomiques XBRL, déjà utilisés pour les rapports de supervision, s’étendent désormais aux divulgations du Pilier 3, renforçant l’interopérabilité entre les régimes de reporting.
- Le Digital Operational Resilience Act (DORA) renforce aussi le paysage réglementaire depuis janvier 2025. Il exige des banques qu’elles signalent les incidents liés aux TIC dans un format standardisé, reflétant une appétence croissante pour une supervision en temps réel.
En parallèle, de nouvelles exigences européennes sur la transparence environnementale et climatique viennent s’ajouter à cette transformation. Les institutions doivent désormais fournir des données détaillées sur leurs risques environnementaux et climatiques (la Directive CSRD et les lignes directrices de l’ABE sur la divulgation ESG) dont une grande partie alimente également les rapports du Pilier 3.
Ensemble, ces initiatives dessinent une évolution majeure : le reporting réglementaire européen passe d’une production numérique fragmentée à un modèle centralisé, avec des formats uniformes, structurés et cohérents.
Pour les établissements bancaires, l’enjeu dépasse désormais la simple conformité réglementaire : ils doivent s’intégrer dans une logique de supervision numérique à l’échelle européenne.

Les défis de la conformité au Pilier 3
Face à cette nouvelle réglementation, les établissements financiers se retrouvent confrontés à un véritable casse-tête : produire plus de 100 tableaux différents, tout en s’assurant que ces données restent parfaitement cohérentes avec leurs autres déclarations réglementaires, comme celles du Pilier 1. Une complexité qui dépasse largement les capacités des méthodes de travail actuelles.
Ce contexte impose aux établissements de repenser entièrement leur façon de produire, vérifier et transmettre leurs rapports réglementaires. Plusieurs difficultés spécifiques se dressent devant eux :
- Systèmes hérités vieillissants. De nombreux établissements — particulièrement les plus petits — s’appuient encore sur des processus de reporting obsolètes, basés sur PDF ou manuels, incompatibles avec des formats de données structurées comme XBRL-CSV. L’adaptation nécessite une refonte de leur architecture de reporting.
- Refonte opérationnelle. Transmettre le nouveau rapport Pilier 3 impose de revoir tout le cycle de vie des données — de l’extraction et la validation au formatage et à la publication.
- Cohérence des données. Les rapports doivent désormais répondre à des standards plus stricts en matière de validation, de contrôle qualité, de traçabilité et surtout decohérence avec le Pilier 1.
- Adoption d’une gouvernance renforcée. L’envoi de données à haute responsabilité et leur validation managériale exigent une intégration systématique des processus de vérification et de validation au niveau des directions Finance, Risque, IT et Conformité.
- Changement de culture. Les équipes de reporting, de risque et informatiques doivent collaborer plus étroitement, briser les silos traditionnels et repenser les flux de travail établis avec des outils obsolètes comme Excel.
- Fenêtre transitoire condensée. La double publication (sur le site de la banque et via P3DH) de juin à décembre 2025 vise à sécuriser la migration. Toutefois, cette période est courte face aux défis techniques et opérationnels à relever.
Les répercussions de la non-conformité sont réelles. Des rapports inexacts ou incomplets pourraient déclencher des sanctions réglementaires, une surveillance accrue et des dommages réputationnels — particulièrement pour les banques cotées. Les établissements qui retardent leurs investissements risquent de prendre du retard en matière d’agilité réglementaire et d’efficacité opérationnelle.
Vers une stratégie gagnante face au Pilier 3 Data Hub
La disparition des publications sur les sites web des établissements au profit d’un canal unique — le Pilier 3 Data Hub — centralise l’accès à l’information prudentielle. Cette approche renforce la comparabilité et la transparence, tout en exigeant une rigueur accrue dans la production, la validation et la traçabilité des données, et la responsabilité éditoriale demeure entièrement du côté des banques.
Pour répondre efficacement aux exigences du P3DH, les banques doivent adopter une stratégie proactive et structurée. Cela passe par la mise en place d’un programme de conformité transverse piloté par la direction financière et le risque, reposant sur trois piliers : moderniser l’architecture de reporting (via des outils capables de produire du XBRL-CSV natif), aligner les processus entre les déclarations Pilier 1 et Pilier 3 pour garantir la cohérence des données, et instaurer une gouvernance robuste intégrant des validations managériales systématiques. L’objectif n’est plus seulement de produire les rapports requis, mais de s’aligner sur un modèle de supervision numérique cohérent et durable.
Au-delà de la conformité, cette réforme peut générer des gains de performance : meilleure qualité des données, fiabilité accrue, réduction des coûts long terme. Adopter une stratégie fondée sur la centralisation et la réutilisation des données est le moyen le plus efficace pour répondre aux exigences du P3DH, tout en gagnant en robustesse et en agilité réglementaire. Ce socle (XBRL, data mapping, gouvernance) pourra être réutilisé dans d’autres cadres — ESAP, reporting ESG, résilience numérique — générant des synergies durables.
Comment SBS peut vous aider
P3HD représente un changement fondamental dans la manière dont les données prudentielles sont déclarées et consultées à travers l’UE. En introduisant une plateforme numérique harmonisée pour des communications structurées, l’ABE cherche à renforcer la discipline de marché, à réduire la fragmentation et à poser les bases d’un accès simplifié aux données de supervision. La pression est forte pour les établissements qui doivent non seulement se conformer, mais le faire efficacement.
Face à ces défis, notre plateforme SBP Regulatory Reporting offre une boîte à outils complète pour la conformité au Pilier 3 : génération des tableaux P3DH avec récupération automatique des données existantes Pilier 1, éditeur de tableau intuitif pour ajuster les tableaux de manière efficace, vérification de la cohérence entre les différentes déclarations (Pilier 1/Pilier 3), workflows de traçabilité, validation, et génération automatique des rapports dans le bon format (XBRL-CSV pour P3DH) et soumission directe via le Pilier 3 Data Hub.
Que vous soyez confronté au Pilier 3 pour la première fois ou que vous cherchiez à rationaliser votre architecture de reporting, nos équipes sauront s’adapter à votre profil. Fortes de leur expérience auprès de plusieurs acteurs financiers déjà engagés dans cette transition P3DH, elles privilégient une approche centrée sur la qualité des données, les processus de contrôle et l’efficacité opérationnelle.
Contactez-nous dès aujourd’hui pour découvrir comment SBP Regulatory Reporting peut vous aider à rester conforme.