Peux-tu expliquer ton rôle de Product Manager pour les logiciels de paiement ?
Mon rôle principal, c’est d’assurer la mise en marché de nos produits Paiements. Je fais le lien entre la sortie du produit par la R&D et tout ce qu’il faut mettre en place pour qu’il soit vendable, compréhensible et exploitable.
Pour l’expliquer simplement, j’aime bien comparer ça à l’automobile. Quand une voiture sort d’usine, elle n’est pas encore prête à être vendue : il faut fixer un prix, vérifier les autorisations, rédiger le manuel, informer les vendeurs, lancer la pub, etc.
Pour un progiciel bancaire, c’est pareil. Sauf qu’en SaaS, le travail continue après la mise en marché : on suit l’adoption, les retours clients, et on ajuste le produit en conséquence.
Quels types de projets gères-tu au quotidien ?
En ce moment, je travaille beaucoup sur les paiements instantanés en mode SaaS, un projet lancé début 2024. On a commencé par définir l’offre, qu’on a testée auprès de prospects. Leurs retours nous ont permis de l’affiner, puis de la commercialiser : plus de 15 clients nous ont rejoints en 2024.
Depuis, on accompagne les premières implémentations, on anime des ateliers avec les équipes PS, on met à jour la documentation… Aujourd’hui, on entre dans une nouvelle phase : mesurer l’usage, l’impact, et identifier les axes d’amélioration. C’est passionnant de voir évoluer le produit « en conditions réelles ».
Pour l’anecdote, sur la base des projections actuelles, SBS atteindra plus d’un million de paiements instantanés traités sur l’année avec cette nouvelle offre SaaS.
Tu travailles aussi sur la solution VoP. Pourquoi est-ce important pour les banques ?
Le VoP (Vérification du nom du bénéficiaire) est un nouveau service obligatoire sur les virements SEPA, classiques et instantanés. Il vise à lutter contre la fraude, comme les scams ou les arnaques au président.
Avant l’exécution d’un virement, la banque vérifie que le nom et l’IBAN saisis correspondent bien aux données du bénéficiaire. C’est une sorte de double vérification entre la banque émettrice et la banque bénéficiaire.
Prenons un exemple : vous recevez un faux mail de votre fournisseur d’électricité, avec un IBAN à régler rapidement. Vous saisissez les infos… Grâce au VoP, votre appli peut détecter que le nom ne correspond pas à l’IBAN, et vous alerter. C’est un vrai bouclier contre la fraude.

Quels sont, selon toi, les principaux défis techniques ou réglementaires liés au VoP ?
Ça peut sembler simple en surface, mais le défi est immense : il faut que toutes les banques d’Europe puissent s’interroger mutuellement, en temps réel, avec des protocoles communs.
Et bien sûr, sans ralentir l’expérience utilisateur. Personne n’a envie d’attendre 30 secondes pour valider un virement. Il faut que ce soit quasi instantané.
Petit clin d’œil : le service est déjà en production en Belgique depuis fin juin. Je l’ai testé sur mon appli mobile, et ça marche super bien. Expérience fluide, défi relevé !
Depuis janvier 2025, les virements instantanés sont devenus gratuits dans toutes les banques françaises. Quel impact cela a-t-il eu sur ton travail ?
Cette gratuité fait partie d’une nouvelle réglementation européenne : l’IPR (Instant Payment Regulation). Elle vise à généraliser les paiements instantanés en les rendant aussi compétitifs que les virements SEPA classiques.
Dans ce contexte, on a mené une grosse campagne autour de notre offre Instant Payments en SaaS. L’un des défis, c’était de bien faire comprendre la réglementation aux clients, et de valider avec eux s’ils étaient concernés (spoiler : la majorité l’était !).
Mais comme l’IP ne peut pas être plus cher qu’un virement classique, beaucoup de banques peinaient à trouver un business case. On a donc travaillé avec elles pour identifier des leviers de valeur au-delà du coût unitaire.
La Suède accélère sa transition vers une société « sans cash ». Est-ce selon toi la fin de l’argent liquide ?
Je pense qu’on y viendra, mais pas tout de suite. Les mentalités varient énormément d’un pays à l’autre, et même d’une génération à l’autre.
En Belgique, par exemple, on a encore des chèques service en version papier, pour payer des prestations à domicile. Ma belle-mère doit passer à la version électronique, et ce n’est pas si simple pour elle. Ça montre bien que changer une habitude ancrée prend du temps.
Des initiatives comme l’Euro numérique vont dans ce sens, mais leur adoption reste un défi. Pour les jeunes générations, ça paraîtra naturel. Pour nous, c’est un vrai changement culturel.
En tant que PM, tu es en contact avec pas mal d’équipes différentes : développeurs, testeurs, équipes réglementaires, clients… Comment gères-tu cette collaboration au quotidien ?
C’est justement ce que j’aime le plus dans mon rôle de PM : naviguer entre des mondes très différents. Je peux passer d’une réunion technique avec la R&D à un atelier métier avec un client, ou encore à une discussion plus stratégique avec le management. Ce sont des échanges très variés, qui demandent chacun une approche différente. C’est parfois ce qui me challenge le plus — surtout côté client, car je me sens naturellement plus à l’aise dans les discussions techniques.
Avec le temps, s’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est l’importance d’adapter son discours à son interlocuteur. Ça peut paraître évident, mais dans la pratique, ce n’est pas toujours simple. Avec le management, par exemple, il faut aller droit au but, alors que j’ai tendance à vouloir rentrer dans les détails. C’est un vrai exercice d’équilibre… et aussi ce qui rend le métier aussi stimulant.
Tu travailles aussi comme ingénieur full-stack indépendant en dehors de SBS. Comment cette expérience t’aide-t-elle dans ton rôle de PM ?
Ça me permet de garder un pied dans le code : je développe depuis mes 15 ans, c’est une vraie passion. J’aime me tenir au courant des nouvelles technologies, langages, framework. C’est important pour avoir des échanges concrets et précis avec les équipes techniques. Ça aide à mieux comprendre les besoins, à anticiper certains blocages… et surtout à ne pas passer à côté de détails importants.
Pour finir, une anecdote ou un moment marquant à partager ?
Petite anecdote personnelle : je pars au Danemark cet été avec ma femme. Comme ils n’utilisent pas l’euro, on s’est demandé comment gérer les paiements là-bas. Je lui propose d’utiliser un compte digital avec une carte virtuelle – zéro frais pour payer en couronnes. Elle me répond : “Oui, mais il faudra penser à alimenter le compte à l’avance.” Et là, je lui dis : “Pas besoin. Si on atteint la limite, on peut transférer de l’argent en temps réel. Dix secondes plus tard, c’est disponible.” Elle m’a regardé, un peu surprise, puis a dit : “Ah oui, c’est vrai. On peut faire ça maintenant.”
Ça illustre bien à quel point les paiements instantanés vont vite devenir la norme. On ne pourra plus imaginer attendre un jour pour un virement, même entre particuliers. Et c’est aussi pour ça que je suis certain que le million d’opérations, ce n’est qu’un point de départ. Si on refait le point dans un an, on l’aura largement dépassé.
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