Tu as commencé ta carrière dans le marketing. Qu’est-ce qui t’a poussée vers le développement ?
J’ai débuté dans les études de marché, en réalisant des interviews qualitatives, des focus groups et des études ethnographiques. Mais très vite, j’ai compris que ce métier n’était pas fait pour moi. J’ai donc fait une pause pour réfléchir à la suite. J’ai toujours été attirée par la tech, mais je ne l’avais jamais envisagée comme une carrière. Par hasard, je suis tombée sur un article sur le no-code, qui permet de créer des solutions web sans coder. Intriguée, j’ai suivi un bootcamp de 10 semaines dédié aux femmes dans la tech. Ça a été une révélation. J’ai adoré l’aspect résolution de problèmes, la créativité qu’implique la construction de solutions et l’apprentissage permanent. J’ai su immédiatement que c’était ce que je voulais faire.
Comment ton expérience en marketing t’aide-t-elle dans ton rôle de développeuse ?
Mon background me permet de prendre du recul et de voir au-delà de la performance technique. Plutôt que de me focaliser uniquement sur le code, j’adopte une approche orientée utilisateur. Mon expérience dans l’analyse de marchés me permet aussi de mieux comprendre les besoins fonctionnels des banques et de m’adapter rapidement au contexte logiciel.
Qu’est-ce qu’un core banking ? Quel rôle joue-t-il dans le fonctionnement d’une banque ?
Le core banking est le cœur des opérations bancaires. C’est une solution centrale qui permet aux banques de gérer leurs transactions : virements, prélèvements, encaissement de chèques… aussi bien pour les particuliers que les entreprises. Il repose sur différents modules fonctionnels, comme la gestion des paiements et des comptes clients, qui aident les banques à mieux comprendre et servir leurs utilisateurs.
Peux-tu nous parler de ton rôle dans le développement de ces solutions ?
J’ai rejoint SBS en 2022 et je travaille sur SBP Core Amplitude, une solution de core banking très complète. J’ai commencé dans l’équipe Payments, où je développais de nouvelles fonctionnalités métier et intégrais des normes réglementaires comme CBPR+. Cela impliquait la gestion des virements et prélèvements, adaptés aux spécificités des différentes zones géographiques et aux besoins des clients.
Récemment, j’ai intégré l’équipe Digital Banking Expertise (DBE), qui gère plusieurs produits. J’ai notamment travaillé sur des connecteurs permettant aux clients et aux systèmes de compensation d’interagir avec la plateforme Amplitude. Je m’occupe aussi de la maintenance et de l’évolution de produits historiques, comme le « portal », un CRM dédié aux gestionnaires d’agences bancaires. Il leur offre une vue d’ensemble de leurs clients et un accès direct aux fonctionnalités de SBP Core Amplitude.
Quels sont les enjeux de ton métier ?
SBP Core Amplitude est une solution utilisée depuis 30 ans par plus de 220 banques. Dans certains pays d’Afrique, elle gère plus de 80% des opérations bancaires. Derrière, une équipe de 200 personnes assure sa stabilité et son évolution. Mon rôle est d’optimiser son utilisation en intégrant de nouveaux modules et en maintenant les existants. Un seul bug peut avoir des conséquences lourdes : j’ai déjà corrigé un problème qui empêchait un employé de toucher son salaire. Notre travail est essentiel au bon fonctionnement des banques.
Quelles sont les technologies clés derrière ces solutions ?
Nous utilisons plusieurs technologies : des microservices avec Spring Cloud, des API REST et SOAP, ainsi que des frameworks MVC en Java. Le core banking repose aussi sur Genero 4GL. L’IA commence également à jouer un rôle, avec des outils comme Copilot qui nous assistent dans le développement pour améliorer la productivité.
Si tu avais des ressources illimitées, qu’améliorerais-tu ?
Bonne question ! J’investirais dans l’amélioration des interfaces d’intégration du core banking pour faciliter l’interconnexion avec d’autres produits. Cela permettrait de créer plus facilement des microservices capables de répondre à des besoins spécifiques de manière simple et efficace.
Quel projet t’a le plus marquée ?
Mon premier développement en Java ! C’était une application permettant de vérifier si un client est résident américain pour répondre aux obligations légales bancaires. Un petit projet, mais j’en suis fière, car je l’ai conçu seule, de A à Z, alors que je découvrais encore le langage.
Quel conseil donnerais-tu à un(e) développeur / développeuse ?
Ne te limite pas à la technique. Comprendre le fonctionnement des banques, les processus de paiements internationaux, et les systèmes de communication interbancaire te donnera une longueur d’avance. Pas besoin d’être expert, mais avoir une vision fonctionnelle du produit t’aidera à créer des solutions vraiment adaptées.
Quel est l‘enseignement le plus marquant que tu retiens jusqu’à présent ?
Ne pas se mettre de barrières : tout s’apprend. Au début, je doutais d’avoir ma place dans la tech avec mon parcours atypique. Mais en réalité, coder, c’est comme apprendre une langue : ça demande de la patience, mais c’est accessible. Ce qui compte, c’est la curiosité et l’envie d’apprendre. Et c’est exactement ce qui me motive dans ce métier : relever des défis et évoluer en permanence.
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