Les systèmes d’identité numérique (ID) deviennent rapidement un essentiel pour les économies mondiales. Grâce à eux, les citoyens accèdent à présent de manière sécurisée à une multitude de services publics et privés dans leur quotidien – de la banque à la santé en passant par le paiement des impôts ou la signature de documents officiels. Dans le secteur bancaire, leur impact est déjà tangible : intégration client simplifiée, transactions bancaires mobiles vérifiées, réduction de la fraude et canaux de support client plus efficaces.
Partout dans le monde, les identités numériques remplacent le duo traditionnel nom d’utilisateur et mot de passe par un ensemble d’éléments à sécurité renforcée : informations personnelles, données biométriques, données comportementales, identifiants d’appareils… La Banque mondiale le résume bien : les identités numériques sont « la pierre angulaire d’une fondation d’infrastructure publique numérique de confiance, permettant une authentification fiable et des interactions de confiance entre individus, gouvernements et entreprises ».
Face à l’accélération numérique post-pandémie de Covid-19, au durcissement des exigences de conformité et aux efforts d’inclusion financière, de nombreux États et acteurs privés construisent leurs propres cadres d’identité numérique. En Suède, BankID a pris une longueur d’avance. Né en 2003 et exploité par un consortium de sept banques suédoises – Handelsbanken, Swedbank, SEB, Längsförsäkringar Bank, Danske Bank, Skandiabanken et Ikano Bank – il est devenu, en à peine deux décennies, un pilier du quotidien suédois.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 7,6 milliards d’utilisations rien qu’en 2024, selon les données de BankID. Plus de 8,6 millions de Suédois âgés de 18 à 67 ans, soit 99,9 % des adultes, ont utilisé BankID pour accéder à 7 500 services sur des plateformes du secteur privé et public. Et derrière ces chiffres impressionnants se cache un écosystème sophistiqué, dont le fonctionnement, la sécurité et l’impact inspirent désormais les banques et les gouvernements du monde entier.

BankID : comment fonctionne le modèle suédois
BankID, c’est la preuve numérique d’identité qui sécurise le quotidien suédois. Son objectif : vérifier l’identité des utilisateurs lors de l’accès aux services en ligne ou de la signature de documents. Derrière ce nom, un système simple et efficace : le numéro d’identité personnel de l’utilisateur est lié à ses identifiants BankID, émis par les banques participantes, et stockés sur une application mobile, un ordinateur ou une carte physique.
Pour obtenir son BankID, les utilisateurs n’ont besoin que deux choses : un numéro d’identité suédois et un compte auprès de l’une des banques du consortium. L’intégration passe par une vérification en personne ou numérique, conformément aux réglementations anti-blanchiment d’argent (AML) et de connaissance client (KYC) suédoise.
Une fois activé, BankID ouvre l’accès à un large éventail de services : portails gouvernementaux, applications bancaires mobiles, dossiers médicaux, paiements des impôts ou signature de documents. L’authentification ? Simple et rapide : biométrie ou code à six chiffres. Sécurité et fluidité réunies.
Sécurité et conformité : les fondations de la confiance
Le succès de BankID repose sur une sécurité renforcée et des règles claires. Le système s’appuie sur la sécurité mutuelle de la couche de transport (TLS), le chiffrement, la liaison d’appareil et l’authentification multifacteur. Le cadre réglementaire de la Suède – les normes AML et de protection des données – est respecté à la lettre. L’objectif ? Réduire la fraude et s’assurer que seuls les utilisateurs vérifiés peuvent accéder au système.
Chaque BankID est unique : lié aux appareils des utilisateurs et à leurs numéros d’identité, impossible à partager ou dupliquer. L’authentification biométrique – empreinte digitale ou reconnaissance faciale – renforce encore la sécurité. Pour les transactions sensibles, un scan du passeport ou carte d’identité via communication en champ proche est requis lors de l’étape d’authentification.
Le système répond aux exigences de l’Autorité de surveillance financière de la Suède et permet les signatures électroniques avancées (AES), qui se conforment à la réglementation eIDAS de l’UE et donnent aux documents signés une valeur légale complète. Les banques et fintechs qui utilisent BankID bénéficient également de l’infrastructure partagée, ce qui simplifie les processus KYC et limite leur exposition à la fraude d’identité.
Côté utilisateur, la confiance est totale. Une enquête de 2024 montre que BankID est considérée comme l’application la plus importante par la majorité des Suédois, et 95 % déclarent lui faire confiance pour leurs transactions quotidiennes en ligne. Une confiance massive qui ne se limite pas aux utilisateurs : elle transforme également le secteur bancaire.

Impact positif sur le secteur bancaire
BankID n’est pas juste une technologie : c’est le moteur discret mais puissant de la transformation numérique du secteur bancaire suédois. En simplifiant la conformité, réduisant les coûts opérationnels et améliorant l’expérience client, il redéfinit la manière dont les Suédois interagissent avec leur argent.
Lors de l’onboarding avec BankID, l’identité d’un client se vérifie en quelques clics, sans paperasse ni déplacement, tout en respectant les règles KYC et AML. Résultat : réduction des délais d’ouverture de compte et prévention de la fraude grâce à une vérification multifacteur en temps réel.
Au quotidien, BankID transforme l’expérience bancaire : se connecter aux applications bancaires mobiles, autoriser les paiements, signer des accords de crédit ou demander des prêts, via la signature numérique. D’un point de vue opérationnel, BankID standardise et sécurise l’intégration sur toutes les plateformes bancaires. Les institutions financières peuvent alors intégrer l’authentification de manière transparente dans leurs flux de travail numériques. Moins de complexité, plus d’efficacité, et un déploiement fluide sur toutes les plateformes.
Le résultat ? Un environnement bancaire numérique plus efficace et de confiance, particulièrement alors que la Suède est en voie de devenir la première économie sans espèces au monde.
Ailleurs dans le monde : d’autres approches de l’identité numérique
Dans le monde, les identités numériques se développent, mais avec des succès très variables et des fonctionnalités variées.
L’Estonie est un pionnier précoce de la technologie avec son système e-ID, intégré dans presque tous les aspects de la vie de ses citoyens.
En Inde, le système Aadhaar utilise des données biométriques pour fournir l’accès aux plateformes de protection sociale et bancaires. À l’inverse, des pays, comme le Canada avec SecureKey Concierge et le Nigeria avec NIN, adoptent un modèle décentralisé, dans lequel plusieurs fournisseurs émettent et gèrent les identités numériques dans un cadre de confiance partagé.
L’Espagne expérimente, de son côté, un système basé sur mobile. Le système MiDNI permet actuellement aux utilisateurs d’accéder aux services gouvernementaux, et devrait bientôt inclure la vérification d’identité, les signatures numériques, mais aussi des usages quotidiens comme voter, ouvrir un compte bancaire, louer une voiture ou s’enregistrer dans un hôtel.
Selon le McKinsey Global Institute, les pays qui implémentent les identités numériques pourraient générer une valeur équivalente à 3 % à 13 % du produit intérieur brut d’ici 2030. Cependant, la transformation pourrait voir des obstacles : la protection de la vie privée reste une préoccupation majeure. De plus, l’adoption à grande échelle nécessitera des standards unifiés et des cadres partagés, ce qui explique en partie la progression plus lente dans certains pays, selon un rapport de Regula.
Alors que les pays explorent des modèles variés et tirent les leçons des pionniers, la question centrale demeure : quelle forme prendra l’identité numérique de demain, et comment transformera-t-elle notre façon de vivre et de faire des affaires ?
L’avenir de l’identité numérique : vers un standard global ?
À mesure que la numérisation s’accélère, les systèmes nationaux d’identité numérique pourraient s’étendre au-delà de leur rôle actuel d’authentification pour les services publics et privés. Le BankID suédois montre déjà la voie : un service devenu incontournable pour des millions d’utilisateurs.
Mais la technologie d’identité numérique ne peut pas se contenter de ce succès. Il est temps de penser à la prochaine étape : une intégration plus profonde avec les super apps. L’objectif ? Créer des plateformes unifiées qui combinent banque, paiements, services publics, messagerie, produits financiers et bien plus encore dans une interface unique – à l’image des ambitions espagnoles avec MiDNI.
L’expérience de la Suède nous offre alors des enseignements précieux : la force de la coopération public-privé, la nécessité de bâtir la confiance et de garantir l’inclusion financière, et la valeur d’une expérience numérique fluide et sécurisée pour les citoyens. Et ces leçons suédoises ne sont pas qu’inspirantes : il se pourrait qu’elles définissent le futur de l’identité numérique dans le monde entier.
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